Mon travail de sculpteur a très vite été marqué par une succession d’expériences. Je provoquais les matériaux pour aboutir à des formes fines qui dialoguaient avec le lieu. La plupart du temps elles étaient intransportables et s’altéraient rapidement. J’ai donc du très tôt me confronter aux phénomènes inhérents à la matière et aux modifications aléatoires des formes que je mettais en place. Il m’a fallu accepter leurs transformations et leur propre temporalité dans mes recherches.
Désireux de continuer dans cette direction, je travaille actuellement avec des matériaux qui évoluent dans le temps (plâtre, sucre), c’est une manière pour moi de mimer le mouvement des choses et le caractère impermanent qui régit la vie sur Terre.
Le travail commence par une immersion dans un lieu et la rencontre des personnes qui le font vivre. Des objets et situations s’imposent alors à mon travail et viennent nourrir les recherches du moment.
Je suis une intuition qui s’enrichie avec les histoires du territoire, les rencontres et les savoirs faire.
Chaque installation porte en elle quelque chose du lieu, que la matière s’évertue à retranscrire.
Ces différentes recherches sont le résultat d’une co-fabrication avec la matière prise dans des systèmes de fabrication qui laissent place au hasard. Laisser l’aléatoire entrer dans la construction d’une sculpture, c’est se donner la possibilité d’accueillir un langage universel, qui nous englobe et nous dépasse. Je souhaite faire écho aux images de notre inconscient collectif. Je les appelle les « images-pont », capables de tisser des liens entre les époques et les êtres.
Le travail in situ me permet de renforcer le rapport que l’on a au présent, à l’ici et maintenant et au site qui accueille la forme. Je propose aux visiteurs une rencontre avec un lieu, une sculpture, une histoire.
« Les sculptures d’Hugo Bel ». Louis Doucet, 2022.
Photo © Loic Madec
