Le merveilleux est dans le quotidien

Exposition personnelle à la galerie du Haut-Pavé, novembre 2019, Paris 3 ème.

S’il osait, Hugo Bel vous dirait qu’il rend les choses dans l’état naturel où il les a trouvées. Il aimerait nous faire croire que les formes qui surgissent ne doivent leurs transformations qu’à elles-mêmes, comme si l’oeuvre avait pénétré la matière sans que la main de l’artiste ne l’actualise.

Celle-ci aurait naturellement l’empreinte de la familiarité dans le domaine visuel et la sensation kinésique. Sa puissance contenue serait là dans une manufacture vierge d’intervention.

Cette illusion Hugo ne la raconte pas. Sa démarche trace vers le moindre artifice. Sa volonté rassemble les éléments silencieux de l’observation.

Ainsi, sur ces étagères du quai Montebello, on peut déceler dans la translucidité des oeuvres, la minéralité des lacs et des étangs qui furent les nutriments contemplatifs de son enfance. Il y a dans ces masses cristallines la luminosité inégalée de celui qui accepte sa soumission aux éléments.

Ainsi, sur les murs du Haut-Pavé le soleil est enregistré dans le temps où les minéraux gravèrent leur empreinte. Les ombres portées sont celles du matin. L’astre n’allonge bien les corps qu’entre 8h30 et 10 heures. Savoir qu’au zénith le cyanotype n’imprimera rien, voilà par où commence la prière quotidienne de l’artiste. Une génuflexion face à l’offrande de la nature.

Alors Hugo n’est qu’un oeil qui attend une ombre pour devenir son empreinte.

Jacques Roubert.
Galerie Le Confort des Étranges